Camus, La Peste, épilogue
Chronique d'une épidémie de peste qui paralyse la ville d'Oran dans les années 40, la Peste évoque les comportements, les débats et les engagements des Oranais confinés . Le roman a surtout une portée allégorique, de l'aveu même de l'auteur: Camus écrivait à Roland Barthes en 1955: " la Peste dont j'ai voulu qu'elle se lise sur plusieurs niveaux, a cependant comme contenu évident la lutte de la résistance européenne contre le nazisme."
LA PESTE, épilogue
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… Mais il savait cependant que cette chronique ne pouvait être celle de la victoire définitive. Elle ne pouvait être que le témoignage de ce qu’il avait fallu accomplir et que, sans doute, devraient accomplir encore, contre la terreur et son arme inlassable, malgré leurs déchirements personnels, tous les hommes qui, ne pouvant être des saints et refusant d’admettre les fléaux, s’efforcent cependant d’être des médecins.
Ecoutant, en effet, les cris d’allégresse qui montaient de la ville, Rieux se souvenait que cette allégresse était toujours menacée. Car il savait ce que cette foule en joie ignorait, et qu’on peut lire dans les livres, que le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais, qu’il peut rester pendant des dizaines d’années endormi dans les meubles et le linge, qu’il attend patiemment dans les chambres, les caves, les mouchoirs et les paperasses, et que, peut-être, le jour viendrait où, pour le malheur et l’enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse.
CAMUS, La Peste, 1947 L.P
Date de dernière mise à jour : 14/04/2020